Yann Géraud

Mon travail prend la forme de peintures construites en volume, de sculptures colorées, ou de collages de formes tridimensionnelles. Je veux lui donner une forme, objectiver la complexité de la pensée. Pour cela, j'invente des constructions et des assemblages de formes en essayant de rendre visibles...

Mon travail prend la forme de peintures construites en volume, de sculptures colorées, ou de collages de formes tridimensionnelles. Je veux lui donner une forme, objectiver la complexité de la pensée. Pour cela, j'invente des constructions et des assemblages de formes en essayant de rendre visibles des relations et des connexions originales.
Je dois m'impliquer physiquement dans ce travail, je le fais donc par moi-même. Le bricolage me permet de considérer l'imprécision fondamentale de ma main, créant des erreurs que j'accepte et affirme. Le bricolage est une façon de reprendre le contrôle de mon activité et il me donne le courage de devenir autonome, c'est faire ses propres lois.
Formellement, il y a ces formes que j'appelle. Ces formes reconnaissables que je scinde, que je découpe et que je rassemble. Et ces couleurs que je découvre et avec lesquelles je les drape comme une couche protectrice. Et ces matériaux que j'utilise en raison de leur proximité et de leur facilité, humblement.
En rassemblant ces différents éléments, je regarde ces formes pour créer des communautés d'objets. Les communautés d'objets ne sont pas un groupe sous influence, mais une communauté qui accepte le contraire, les paradoxes, les dissonances. Cette communauté d'objets est une communauté d'égaux, réunie en un point. Et elle se retrouve à chaque fois. Ces communautés cherchent par la confusion, une image miroir de la complexité du monde.
Je réalise mon travail dans un mouvement d'excitation et de précipitation. Au final, je veux que le spectateur soit immergé dans ces sculptures comme il l'est dans le monde. Et je veux qu'il s'y engage et que la sculpture soit une déambulation.
Je veux être surpris par mon travail, par la forme qu'il prend, par les liens qui se tissent en son sein et inévitablement avec le monde. Ce qui compte le plus, c'est de voir, de faire et de voir, et ensuite d'être surpris.